Histoire de l’association

Création de l’association

Décembre 1981, c’est le soir, le temps est lugubre mais la Cathédrale d’Orléans est noire de monde. Il semble que toute la ville d’Orléans se soit rassemblée là en union avec la Pologne qui vient de voir l’état de siège ou l’état de guerre, (stan wojenny pour les Polonais)   instauré, un état qui perdurera  jusqu’au 22 juillet 1983.

L’atmosphère est pesante. Chacun en mesure les retombées et parmi eux bien sûr et surtout les Polonais qui sont présents. Il y a à cette heure quelques familles polonaises récemment arrivées – Dembinski, Kobylanski, Czernichowski, Gasowski – mais elles se comptent sur les doigts tant il est difficile à cette époque de sortir de Pologne et par ailleurs elles ne se connaissent pas. Il y a bien sûr également les Polonais là depuis un certain temps déjà comme la famille Kieda ou la famille Ciechelski…mais il n’y a rien de vraiment structuré.

La sortie de cette messe est une révélation pour ces familles. Ils se parlent, heureux de pouvoir échanger sur la situation là-bas et s’interrogent aussi sur le moyen de venir en aide à cette Pologne qui les a vu naître. Il leur faut donc se revoir. Une rencontre est projetée, une rencontre ouverte à tous aussi bien aux Polonais qu’aux Français. Le lieu en sera la Salle Hardouineau de la Mairie d’Orléans –  une salle Hardouineau qui se trouvera d’ailleurs noire de monde -. L’idée de la création d’une association est avancée. Son nom ? Plusieurs propositions sont avancées mais ce sera finalement celle de l’hydrologue Zbigniew Gasowski qui est retenue : ce sera Loire Vistule.

Les statuts sont travaillés et en février l’association est créée, Christophe Dembinski -déjà naturalisé – en est le Président et Marie José Gasowski dont la famille est pleinement française, la secrétaire. L’association est domiciliée chez un Français, Guy Herpin à St. Jean le Blanc. La domiciliation se fera ensuite à la Mairie d’Olivet, puis enfin à la Maison des Associations d’Orléans.

La composition de l’association et son but.

Dès le début, cette association a attiré de nombreuses personnes. Les évènements survenus en Pologne ont un impact très fort en France. De tous bords, les Orléanais se mobilisent, gauche (pour faire court la CFDT) et droite (l’église) confondues. 

L’AIDE HUMANITAIRE

Le but essentiel de sa création est d’apporter une aide à la Pologne qui manque de tout présentement : aide alimentaire, vêtements et médicaments. Ceci dit, l’Association n’est pas seule sur l’agglomération à apporter sa contribution, d’autres le font tout aussi bien comme les Eclaireurs, les amis de Jeanne d’Arc, etc. Aussi, Loire Vistule se  « spécialise» bien vite sur l’aide médicale tant le manque est flagrant. Nous mentionnerons ici néanmoins quelques exemples d’aide matérielle comme l’acheminement de 2000 paires de chaussures, don d’un chausseur de la rue Eugène Turbat d’Orléans ou de shampoings en nombre incalculable d’un autre commerçant.

La répartition des rôles des membres fondateurs se fait automatiquement. Le responsable de l’aide en sera Zbigniew, avec l’appui de Claudine Kieda tandis que Christophe Dembinski et Janek Kobylanski accompagneront les «exclus» de Pologne pour avoir été militants actifs de Solidarnosc. Il leur faudra les aider dans la recherche d’un emploi, d’un logement etc. Nous y reviendrons plus tard.

Les convois

L’association acheminera 172 convois, d’abord grâce aux camions PKS, puis rapidement avec ses propres camionnettes, 3 se succèderont. Leur achat, d’occasion évidemment, est rendu possible par les subventions reçues d’Orléans, de Fleury, d’Olivet, de Saint-Jean-le-Blanc, par la vente d’objets d’artisanat ramenés de Pologne, par des tombolas et même parfois des tournois de bridge …

Les conducteurs sont tous bénévoles. C’est une volonté de l’association que chacun puisse témoigner, à son retour, de la situation trouvée là-bas. Certains de ces conducteurs feront le voyage plusieurs fois et nous aurons une pensée tout spéciale ici, pour l’ami Claude Merian disparu aujourd’hui, toujours prêt à partir si nous nous trouvions en manque de convoyeurs.

Le lieu de l’acheminement – généralement des églises – est donné par le Père Plater, délégué, en France, par l’épiscopat polonais, pour ce qui concerne l’aide humanitaire. Une fois là-bas, le matériel déposé, les églises se chargeront de le dispatcher. Les conducteurs sont hébergés pour la ou les nuits généralement dans des couvents, parfois aussi dans des familles comme à Cracovie, celle d’Albin Czernichowski ou à Varsovie, celle de Z. Gasowski.

Les camionnettes, baptisées «Ernestine» du nom du plus ancien membre de l’association, pour ne pas dire le plus dynamique, sont à son image, elles ne sont pas de la première jeunesse, et doivent être révisées sérieusement avant leur départ. Zbyszek, épaulé bientôt par Jacques Jauffrion, n’y suffisent bientôt plus et font appel à un « spécialiste ». Ce sera M.Bercé, un Slovène immense, à la voix magnifique, qui tient un garage à Cléry St. André.

Chargement des convois 

Si dans un premier temps, l’Association accepte tous les vêtements qui lui sont remis, les membres se rendent vite compte que l’urgence n’est pas là d’autant que les vêtements donnés sont souvent en triste état, voire même totalement inappropriés (cf. une robe longue en dentelle verte). Or chaque voyage coûte cher à l’association (essence, révision etc). La décision est donc prise de se limiter aux médicaments et petit matériel chirurgical. Zbyszek et Claudine contactent les laboratoires, les pharmacies. Ils prennent contact aussi avec l’Ordre de Malte et les membres de St. Vincent de Paul. Tous répondent présents.

Mais ce matériel arrive dans un désordre total. Il faut trier, étiqueter, emballer, charger de manière la plus logique possible pour en faciliter le déchargement en Pologne. Un local devient nécessaire. Le salon des Gasowski s’avère vite trop petit … et quelque peu gênant pour la vie de famille ! Des locaux seront mis à disposition par les différentes communes de l’agglomération mais pour un temps déterminé, ce qui sera une préoccupation constante.

Chaque départ demande un investissement énorme. Or, chacun des quelques 10 membres de l’équipe « convois » est en activité. Heureusement vient se joindre à eux, un retraité Henri Grabowski, un ancien manutentionnaire, qui avec l’aide de sa femme, prépare minutieusement chaque convoi. C’est un très lourd travail car les cartons donnés n’ont parfois qu’un ou deux médicaments valables. Il ne faut donc rien laisser passer et réunir tout par catégorie et ce d’autant que les documents remis à la douane se doivent de préciser dans le détail ce que le chargement contient, le nom du donateur et celui qui en bénéficie, etc. Qu’Henri, là où il est aujourd’hui, en soit remercié.

Il nous faut ajouter là que Loire Vistule, du fait du sérieux de son action et de la motivation de ses membres s’est vue étendre son action épisodiquement à quelques autres pays de l’ancien bloc soviétique : Lituanie, Croatie, Slovénie Roumanie ainsi qu’aux camps d’internement de Vienne.

Ces convois, dont le rythme était au début d’un par quinzaine se ralentit après 1995, pour prendre fin définitivement en 1997 mais ce sera sur une fin mémorable. Cette année là, la Pologne qui sortait péniblement d’années catastrophiques subissait de terribles inondations. Les responsables de l’association lancent alors un vibrant appel à leurs anciens partenaires et acheminent ainsi un don particulièrement important fait de 2T250 de médicaments, autant de vêtements et de produits désinfectants, du matériel médical, du lait en poudre pour bébé, de la nourriture pour enfant. Tout ceci représentait un total de 40m3.